Nous voici aujourd’hui au Mans pour la conclusion de 2 ans d’enquête. 2 ans d’enquête, mais 3 mois pour se défendre. 27 faits, le tout jugé en une seule journée, et dans la ville d’un ancien ministre de l’agriculture… Le procès politique servi sur un plateau.
Des moyens démesurés, des méthodes dignes de lutte contre le grand banditisme, des brigades criminelles pour traquer des terroristes armés de bombes…de peinture. Il n’y a que la FNSEA que nous devons terroriser pour qu’elle ai mobilisé ainsi sa toute nouvelle milice privée, la cellule Déméter, cadeau du gouvernement Macron. Combien de temps encore allons-nous accepter que les lobbies mènent nos gouvernements par le bout du nez ? Combien de temps allons-nous tolérer que l’argent public serve des intérêts privés, et protège une véritable mafia ?
Voilà pourquoi plus rien n’est une question de choix personnel : nous animalistes, finançons par nos taxes ce que nous combattons, un système d’Élevage ultra subventionné, ainsi que notre propre répression… C’est inacceptable.
Comment se fait-il qu’il soit plus facile de vivre dans cette société en tant que tortionnaire bien intégré, plutôt que défenseur des opprimés criminalisé ? C’est vrai, « nous sommes en guerre ». Les multinationales contre les animaux, les gouvernements contre les activistes, et nous contre eux tous. Alors que nous sauvons des vies. Que nous dénonçons un système criminel, qui ose nous criminaliser nous. Et que nous agissons indirectement pour le bien commun, sur le levier le plus puissant pour freiner le dérèglement climatique, sur l’activité qui gaspille le plus de ressources vitales, et qui constitue la plus grande menace sanitaire. Et tout cela bénévolement, au sacrifice de tout…
Lorsque la filière de l’Élevage veut faire passer des messages, elle accroche des cadavres devant des mairies ou des préfectures, elle empoisonne et tire sur des espèces protégées, elle déboulonne les roues des journalistes, elle saccage des bureaux de ministres ou d’associations… Quelles sanctions pour eux ? Une fourchette entre rien et 1000€ d’amende. L’homicide involontaire par un chasseur arrive péniblement à 1 ou 2 ans de prison avec sursis… Dur de faire plus dissuasif. Et parmi tout cela donc, l’« association de malfaiteurs » pour des tags sur des murs… Certains faits ne correspondent même à aucune plainte !
Le prétexte fourni ? Éviter un ras-le-bol des éleveurs et des drames. Peut-être dans ce cas faudrait-il autant de motivation à faire aboutir nos plaintes pour menace de mort. Pour avoir simplement participé à un reportage de France 5, la journaliste bretonne Morgan Large s’est vu retirer des boulons sur une roue de sa voiture. S’ils sont prêts à mettre en danger de mort une simple journaliste locale, de quoi sont-ils capables contre des activistes abolitionnistes ? Qu’a donné la plainte de Morgan Large ? Qu’a donné l’enquête sur la cinquantaine de mutilations d’équidés qui a eu lieu en même temps que la nôtre ? Si 15 tags antispécistes mobilisent des brigades entières pendant 2 ans, on comprend qu’ils ne puissent pas être partout…
Les vraies victimes ne sont pas du côté des plaignants aujourd’hui. Elles sont condamnées à mort, sans procès, et dès la naissance. Tout est inversé, les victimes, les accusé·es, les coupables… Nous allons être condamné·es parce qu’on sauve des vies, et sont considérés comme des victimes ceux qui en prennent… Nous allons finir en prison pour avoir combattu des criminels, pendant que la mafia des criminels reçoit la légion d’honneur (1).
Si ces animaux le pouvaient, ils porteraient plainte eux aussi. Pour diffamation, pour atteinte à leur dignité, pour dégradation de leur corps, pour vol de leur vie, pour séquestration, pour enlèvement d’enfant, pour mutilation, pour viol, pour meurtre ! Et que leur répondriez-vous ? Que "tout ce qui n’est pas humain est une chose" ? (2)
Quelle est cette « justice » qui est prête à reprendre des animaux à des gens qui leur offrent une vie libre de toute exploitation, pour les rendre à ceux qui veulent les égorger ? Nous allons entrer dans ce tribunal pour tenter de nous défendre, traîné·es ici par des éleveurs, comme des millions d’autres animaux le vivent chaque jour, traînés dans les abattoirs du monde entier. Mais nous ne nous laisserons pas criminaliser par les plus grands criminels qui soient, ceux qui tuent les plus innocents qui soient, et pour les raisons les moins légitimes qui soient.
Si sauver des vies est un crime, alors nous plaidons tous·tes coupables.
- Vincent Aubry, pour le collectif Animal1st, Le Mans - 28 janvier 2022
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