Même si l’enquête est encore en cours, nous voulions absolument communiquer sur l’acharnement répressif que subissent actuellement des membres du collectif Animal1st, car ce qu’il se passe est grave.
Nous tenons à témoigner de ces évènements, car cela concerne tout le mouvement animaliste, alors il est primordial qu’il se diffuse largement.
Si après la lecture de cette situation vous vous demandez comment nous aider, plusieurs pistes :
• Visibilité - Au terme de l’enquête un procès aura lieu, et sa visibilité sera vitale pour nous. Le préparer au mieux c’est déjà nous aider à visibiliser cette répression, en diffusant largement ces communiqués.
• Contacts - Si vous en avez parmi des médias, journalistes, médias indépendants, de luttes sociales, ils nous seront précieux !
• Financièrement - une cagnotte permanente est ouverte depuis la création du collectif, le lien est dans l'onglet "Nous aider"
Quoi que vous puissiez faire, Merci !
La lutte antispéciste vit un tournant. Criminaliser un·e animaliste, c’est les criminaliser tous·tes.
LES FAITS
Le mardi 8 juin dernier, entre 6h et 7h du matin, ce sont 7 équipes de gendarmerie (dont des membres du PSIG et d’unité informatique) qui sont intervenues dans 6 départements différents, pour interpeller 8 activistes antispécistes qui ne sortiront qu’après 35h de garde à vue, et parfois plus de 10h d’audition. Deux activistes avaient déjà été interpellé·es, auditionné·es et perquisitionné·es le 10 novembre 2020, puis deux autres l’ont été le 24 juin 2021.
Les faits reprochés les plus anciens remontent à décembre 2019. Pour certain·es d’entre nous, les chefs d’accusation noircissent 2 pages complètes, principalement des dégradations mineures. Des dégradations mineures, de la diffamation (et cette fameuse accusation d’« association de malfaiteurs », on y reviendra) qui suffisent pourtant à justifier près d’un an et demi d’enquête, 9 perquisitions, et une douzaine de personnes auditionnées. Ils sont même allés jusqu’à faire analyser la peinture des tags dans des élevages… S’il n’y avait, nous disait-on, pas assez de budget pour les tests ADN dans l’affaire Elisa Pilarsky, rassurez-vous, il semblerait que pour des graffitis sur un mur ça ne pose pas de problème.
Des dizaines et des dizaines de gendarmes mobilisés, issus de brigades criminelles, puisque telle en était la demande de M. Arnaud Marie, procureur de la république au tribunal du Mans (ville dont le maire n’est autre que Stéphane Le Fol, ancien ministre de l’agriculture…). Le major de la gendarmerie de Mayenne (53) l’avouera pendant les auditions, ces effectifs ont été spécifiquement mobilisés et ces importants moyens déployés parce que : « l’agribashing ça suffit »…
Tout ça donc pour des tags sur des murs et des feuilles A4 collées à la farine.
On rappellera notamment que pour avoir saccagé le bureau d’une ministre, des syndiqués de la FNSEA ont pris pour seule condamnation 1500€ d’amende...
LES PERQUISITIONS
Une cinquantaine de scellés rien que sur la perquisition d’un seul domicile le 10 novembre, et probablement le double au total sur les 9 perquisitions. Ils prennent tout, ils râtissent large, car ils y sont autorisés, incités. Tout le merchandising Animal1st, des dizaines de notes, cahiers, documents, plus de 10 000€ en liquide, et peut-être autant en matériel électronique, téléphones, ordinateurs, tablettes, drone, et même un véhicule.
Le but d’une perquisition est de saisir des indices, seulement s’ils « ont un lien avec l’enquête et sont utiles à la manifestation de la vérité » (Code de procédure pénale). Comment alors expliquer ce zèle dans cette affaire ? L’objectif ici n’est pas seulement la manifestation de la vérité, ce sont bien des perquisitions-sanctions. Des sanctions avant même une quelconque condamnation. Et cela a été notamment avoué pour le véhicule saisi : « Si vous aviez assez sur vos comptes on ne vous aurait pas pris la voiture. », ou encore la saisie de bijoux : “Au cas où vous ne pourriez pas payer votre amende, on garde vos bijoux pour les revendre”.
La plupart des objets saisis n’ont AUCUN lien avec les faits, ces perquisitions ne sont ni plus ni moins que du cambriolage légalisé.
Au moment des perquisitions, et ce jusqu’au procès, nous sommes toutes et tous présumé·es innocent·es. Le rôle des enquêteurs et enquêtrices est de prouver une culpabilité, pas de sanctionner, ni de sécuriser de potentielles amendes pour les plaignant·es d’un secteur privé. La SEULE et unique raison qui justifie ces pratiques est donc le simple fait que nous soyons animalistes et activistes.
Mais allez-y, prenez-nous tout. Car le jour où nous n’aurons vraiment plus rien à perdre, sera aussi le jour où nous serons plus révolté·es et plus offensif·ves que jamais...
La plupart des objets saisis n’ont AUCUN lien avec les faits, ces perquisitions ne sont ni plus ni moins que du cambriolage légalisé.
ANIMAUX SOUS "SCELLÉS"
La sanction se veut aussi psychologique. En s’attaquant aux personnes qui prennent le risque d’accueillir des animaux sortis de l’enfer de l’Élevage, c’est la peur qu’ils veulent installer. Ce qu’ils cherchent, et c’est clairement assumé par le procureur du Mans, c’est briser tout un mouvement.
Ils recherchent notamment 5 agneaux dans tout le département mayennais depuis des semaines. Des animaux retrouvés et/ou en situation illégale sont, puisqu’étant considérés comme des objets, également mis « sous scellé », comme c’est le cas pour plusieurs individu·es aujourd’hui. Concrètement, cela signifie qu’ils restent à la charge des personnes qui les ont accueillis, en attendant de savoir s’ils doivent être restitués à leurs bourreaux, pour les égorger ou bien les exploiter sexuellement pour les femelles.
Si ce n’est pas le cas, ils devront être rachetés au prix de la viande.
Cela signifie aussi par exemple, qu’en cas d’urgence médicale, les personnes chez qui elles sont ont interdiction de faire venir un vétérinaire. Il faudra passer par la gendarmerie.
Dans une autre affaire, la procureure d’Évreux avait personnellement insisté pour faire récupérer chez une particulière les deux dindes sorties d’un camp de près de 10 000 individu·es 5 mois plus tôt, et ce alors même que l’éleveur ne le souhaitait pas.
TECHNIQUES D'AUDITION
Les auditions ont été menées de façon perverse, intrusive dans nos vies privées, dans notre intimité. La violence psychologique est une arme de prédilection. Tous les coups sont permis, puisque c’est la loi qui l’autorise. S’attaquer aux animaux, aux enfants, juger de l’efficacité de nos méthodes, des avancées de nos combats, jouer sur les espoirs, les peines, les doutes… L’objectif est de mettre à terre un mouvement de résistance qu’ils n’arrivent pas à contrôler. Et c’est en cela que contrairement à ce qu’ils tentent de nous faire croire, c’est PRÉCISÉMENT parce que nos cibles et nos discours sont justes, que la répression est si forte.
L’autre grande injustice de la lutte antispéciste, c’est que personne n’est neutre. Le spécisme est si ancré dans nos civilisations, si banalisé, dès le plus jeune âge, que personne n’arrive ou n’ose le remettre en question. C’est le propre d’une idéologie totalitaire.
Chaque personne qui nous interroge, nous juge ou nous condamne, le fait avec les victimes que nous défendons dans leur estomac. Chacun·e se sent par conséquent personnellement attaqué·e par notre discours, dans son mode de vie, dans ses habitudes et sa culture. Et en particulier dans les zones rurales concernées par les faits.
Les collabos justifient eux cette répression par le risque d’« accidents » lors d’intrusions en élevages. Par « accident », comprenez un éleveur qui envoie un activiste à l’hôpital ou à la morgue. En gros, on est en train de nous dire que le jour où il y aura des mort·es chez les animalistes, ce sera de notre faute…
Et cela fait un moment que cette menace est brandie. « Franchement ils le mériteraient », comme a osé l’affirmer Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA, au micro d’RTL. Comprenez aussi que dans cette situation, la violence ne sera pas condamnée. L’idée n’est donc absolument pas de nous « protéger ». Nos plaintes pour menaces de mort restent bien au fond des tiroirs, pendant que la consigne est de faire remonter les dossiers animalistes tout en haut de la pile.
À la vue des meurtres de femmes assassinées presque quotidiennement par des ex-conjoints CONNUS des services de police, on a peine à croire que là est bien la « priorité nationale »…
C’est PRÉCISÉMENT parce que nos cibles et nos discours sont justes, que la répression est si forte.
ADN ET "DROITS"
Refuser la prise d’ADN est un délit qui nous est ajouté dans la liste des faits jugés au procès. Ce qui ne les empêche pas de mettre des brosses à dents sous scellés pour le récupérer sans notre accord.
Nos droits ne sont qu’illusoires. Le droit au silence ? On ne peut de toute évidence pas nous obliger à parler en audition. Alors que nous vend-on ici ? Un droit à ne pas répondre qui ne peut théoriquement pas nous être reproché. Théoriquement. Sauf que rester muet·te accroît considérablement nos chances de finir en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire, en guise de sanction.
"PROTÉGER ET SERVIR"
Que ce soit directement ou indirectement, la police d’État agit CONTRE les victimes que nous défendons, les victimes qui meurent, puisqu’elle choisit de défendre les “victimes” qui tuent, les éleveurs plaignants.
Retirer par exemple des animaux aux personnes qui se battent pour leurs droits, pour les remettre entre les mains de ceux qui les torturent et les égorgent, et ce, de la part de personnes disant travailler pour la « justice », là est vraiment la démonstration de l’ignominie de notre espèce et de notre société, et tout le monde devrait s’interroger là-dessus
Vous n’êtes pas des gardiens de la paix, vous êtes des gardiens de la guerre contre les animaux.
MESSAGE AUX ANIMALISTES
Il y a aussi dans cette affaire un message à faire passer aux animalistes qui condamnent fermement l’activisme à visage découvert, et par conséquent ne le soutiennent pas (le condamnent même), ni les victimes de cette répression. Les actions visées par cette enquête étaient anonymes. Et pourtant la répression est beaucoup plus intense, et les méthodes beaucoup plus intrusives.
Il faut bien comprendre trois choses :
- D’une, lorsqu’il y a une forte volonté politique, comme c’est le cas ici, de retrouver les auteur·es de certains faits, la cagoule n’entrave pas beaucoup le travail d’enquête…
- De deux, c’est le message de l’action, son offensivité, sa cible, qui déclenchent la réponse étatique. Et c’est précisément lorsque le message est radical, que les cibles sont justes, et que le discours est offensif, que c’est alors considéré comme une menace pour le système que l’on combat. La violence de la répression est un indicateur de la pertinence de nos choix activistes. Un activisme qui n’est pas combattu, c’est un activisme qui ne dérange personne.
- Et de trois, plus nombreux.ses nous serons à attaquer frontalement les coupables, plus il sera complexe de nous immobiliser, comme c’est de plus en plus le cas.
OPPRESSION ET RÉPRESSION
La répression fait hélas partie de toutes les luttes sociales, et nous savons que nous nous y exposons en désobéissant. Communiquer dessus ne nous fait pas perdre de vue la particularité de la nôtre, à savoir que nous ne sommes pas les victimes directes du spécisme. Elles subissent l’oppression, nous subissons la répression.
Mais nous n’allons pas subir sans rien dire. Il y a conflits d’intérêts, financiers et idéologiques, et une volonté politique de briser des personnes, et plus largement tout un mouvement d’opposition au statu quo et à l’inaction révoltante du pouvoir sur ces questions.
Nous pouvons vous garantir que chaque minute passée dans la cellule glauque d’une gendarmerie ou d’un commissariat nous rappelle au sinistre sort des ces animaux qui hantent nos pensées. La captivité, la privation de liberté, la première des violences sur l’interminable liste de celles subies par les esclaves de l’Élevage. Dans leur cas, aucun espoir de sortie, aucune perspective d’amélioration, aucune pensée réconfortante, car iels ne connaissent rien d’autre. Iels sont condamné·es à tourner en rond (quand iels le peuvent) jusqu’à la seule issue possible, le départ pour l’égorgement.
Chaque question des enquêteurs et enquêtrices nous montre à quel point les victimes de l’Élevage sont invisibles aux yeux du monde. Pas un mot sur elles dans la bouche des représentant·es de la “justice”, pas un seul, pas un égard, alors que les heures d’audition s’enchaînent.
Nous allons assumer les conséquences, comme nous devrions assumer fièrement d’être des délinquant·es aux lois qui autorisent le massacre industrialisé d’innocent·es vulnérables, et ce encore en 2021, alors que le monde entier sait que ce n’est pas nécessaire.
Les seuls et véritables actes de Justice et de Vérité sont ceux que la Résistance Animaliste pose, dans ces camps, ces lieux de violence, qui représentent la plus grande honte de l’Histoire de l’humanité.
Chaque question des enquêteurs et enquêtrices nous montre à quel point les victimes de l’Élevage sont invisibles aux yeux du monde.
Collectif Animal1st, 30 Juin 2021